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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/184

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« Ce qu’il y a de rare en cette aventure, c’est que le Roi en a parlé à de Vardes, lui a montré la lettre et lui a recommandé de tâcher de découvrir, sans bruit, qui peut en être l’auteur. Cela ne me fait pas peur, car de Vardes lui-même, qui en a fait l’original en françois, nous dit hier qu’il avoit fait ce qu’il avoit pu pour jeter dans l’esprit du Roi des soupçons sur monsieur le Prince ; mais il ne le croit pas capable de cela, mais bien plutôt mademoiselle de Montpensier, qu’il croit malfaisante, et madame de Navailles, à cause de sa vertu imprudente [1]. Vardes n’a point tâché de le désabuser, et fait toujours semblant d’en chercher adroitement l’auteur. Nos dames, de leur part, font voir au Roi une des plus belles personnes de France, qui est tantôt chez Madame, tantôt chez la comtesse de Soissons. Mais la lettre a tout gâté et n’a fait que l’attacher plus fortement à La Vallière. Nous le voyons tous les jours, car Vardes de son côté est amoureux de la comtesse de Soissons. Nous ne nous sommes fait aucune confidence là-dessus ; mais à nos façons

  1. Voy. ci-dessus, p. 59. — Aux détails que nous avons déjà donnés sur l’éloignement de madame de Navailles, ajoutons que la comtesse de Soissons avoit de fortes raisons pour chercher à l’écarter. Madame de Navailles étoit dame d’honneur, et madame de Soissons surintendante de la maison de la reine ; leurs fonctions, très mal définies, avoient été réglées par le Roi lui-même, au grand mécontentement de madame de Navailles. Sur les explications de Sa Majesté, la dame d’honneur, assurée de pouvoir continuer à présenter à la Reine la serviette à table, et la chemise, s’applaudit de la décision prise, et ce fut le tour de madame de Soissons d’être mécontente. Poussé par elle, son mari provoqua même M. de Navailles. — Sur toutes ces intrigues, Voy. Mém. de Mottev., anno 1661.