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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/194

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faisoit du comte son fils ; mais il n’y avoit rien gagné. Le comte arrive. Le maréchal prit l’occasion qu’il n’y avoit auprès du Roi que le valet de chambre et celui de la garde-robe qui l’habilloit, et lui dit : « Sire, voici mon fils que je vous amène, suivant le commandement que vous m’en avez fait. Il avoit quelque bonne raison à dire pour justifier son innocence, mais il croyoit se rendre criminel de songer à s’expliquer sur quelque chose qui pût faire changer de résolution à Votre Majesté. Il vous demande par ma bouche son passe-port, et les ordres qu’il vous plaira qu’il exécute. »

Le Roi lui répondit : « Mon cousin, je vous plains, il vous doit être sensible que votre fils, que j’ai honoré de mon amitié, se soit oublié au point où son insolence est montée. À votre considération et des services que vous m’avez rendus, j’use entièrement de clémence. Comte de Guiche, ajouta le Roi, retirez-vous de ma cour ; que je ne vous voie point que je ne vous demande ; et pendant que j’aurai fait vos passe-ports, pour donner ordre à votre équipage et à vos affaires, allez à Meaux, où vous recevrez mes ordres. Faites par vos actions que je vous puisse voir un jour le plus sage de ma cour. »

Le comte de Guiche, au sortir de chez le Roi, étoit, comme vous pouvez vous imaginer, dans un grand désordre. Le marquis de Vardes, qui savoit que son ami étoit dans cette peine, avoit mille impatiences de savoir le succès de ses affaires, et l’étoit allé attendre chez lui, où le comte fut. Le comte fut bien aise de le trouver, pour se consoler le mieux qu’il pouvoit.