Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/195

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Le marquis, aussi bien que Manicamp, flatta le comte d’un retour ; les dernières paroles du Roi lui firent juger que c’étoit avec peine qu’il en venoit là, mais que la politique l’emportoit par dessus son inclination. Ils se jurèrent mille protestations d’amitié et de fidélité. Le marquis se chargea d’assurer Madame de la constance du comte, qui ne faisoit que bénir et louer la cause de ses peines, et qui n’accusoit enfin que sa mauvaise fortune de toutes ses traverses.

Le comte partit pour Meaux, où il fut huit jours dans des tristesses extrêmes. La comtesse sa femme le conduisit en ce lieu. Madame, à qui Vardes avoit dit les sentiments du comte, ne pouvoit sans grande peine supporter l’absence de cet amant ; comme la cause de son éloignement, elle balança longtemps si elle lui écriroit ou si elle lui enverroit quelqu’un. Elle estima que le dernier étoit le plus sûr, et, comme elle vouloit assurer le comte de son amitié, elle fit écrire ces lignes par Collogon [1].

Billet de Madame au Comte de Guiche.

Ce n’est pas l’ordre de la cour que les femmes fassent beaucoup de protestations ; mais je m’y suis obligée puisque vous souffrez pour moy. Vos peines sont grandes ; je sais que vous m’aimez.

  1. Mademoiselle de Coëtlogon, Louise-Philippe, qui épousa Louis d’Oger, comte de Cavoye, grand maréchal de la maison du Roi, dont elle resta veuve. Madame de Sévigné a parlé plusieurs fois de son frère, le marquis de Coëtlogon, et de l’influence qu’avoit son mari. Née en 1641, elle mourut le 31 mars 1729, âgée de 88 ans ; elle étoit, à l’époque qui nous occupe, fille d’honneur de la jeune Reine.