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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/196

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Je ne vous déclare point les miennes de peur d’augmenter les vôtres. Soyez seulement persuadé de mon amour. Le temps ne le changera pas ; mais il vous pourra rendre plus heureux si nous nous revoyons. C’est ce que je souhaite avec passion.

Madame, qui ne connoissoit pas d’homme plus affidé au comte que Vardes, lui donna ce billet, et le pria de le lui remettre. Il ne manqua pas de s’acquitter de cet honnête emploi. Le comte fut ravi de recevoir cette lettre, et partit avec les ordres du Roi, en quelque sorte consolé de son éloignement.

Madame la comtesse de Soissons et Vardes, qui avoient minuté la lettre espagnole, continuoient à faire leurs efforts pour détourner l’amour que le Roi avoit pour mademoiselle de La Vallière, et, dans diverses conférences, blâmèrent son inconstance, jusques à dire que peu de choses l’engageoient en amour. De sorte que la comtesse, pleine de dépit, trouvoit que La Vallière étoit devenue insolente depuis le rang qu’elle avoit, et fit cet entretien à Madame : « Vous êtes peut-être en peine de savoir d’où vient l’amour du Roi pour La Vallière. Je le veux dire à Votre Altesse [1].

« Un jour que nous nous promenions dans le jardin du Palais-Royal, que j’étois avec le Roi et mes filles derrière et un peu éloignées, nous faisions notre conversation de ceux que nous aimerions

  1. La version donnée dans l’Histoire de l’amour feinte du Roi pour Madame (voy. plus haut) diffère de celle-ci et paroît être la vraie.