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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/226

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verrois venir avec un courage intrépide, sans rien diminuer de mon généreux dessein. »

Sur quoi Mademoiselle lui parla en cette façon : « Préparez-vous donc à deux choses, ou à vous dédire, ou à vous punir vous-même de ce crime si noir que vous vouliez punir sur un autre, si vous êtes assez malheureux pour en être jamais coupable ; car c’est en vous seul que je veux me confier ; je n’en connois point de plus capable, ni qui s’en puisse mieux acquitter. Consultez-vous bien avant que de vous engager, et voyez si vous êtes disposé à me servir fidèlement. — Oui, Mademoiselle, dit M. le comte de Lauzun ; je suis disposé à tout ce qu’il faudra faire pour votre service. Et puisque Votre Altesse Royale me fait l’honneur de me préférer à mille autres qui le méritent mieux que moi, je lui proteste de ne jamais manquer de parole. »

Monsieur le comte de Lauzun n’eut pas plus tôt pris congé de Mademoiselle, qu’il commença à rêver sur l’heureux succès de son entreprise ; enfin il pouvoit se vanter d’avoir assez bien réussi pour une simple tentative ; aussi ne manqua-t-il point à exécuter de point en point ce qu’il avoit promis à cette princesse, qu’il d’ailleurs n’étoit pas moins aise de s’être assurée d’une personne qui seule lui pouvoit donner des nouvelles assurées de tout ce qui se passoit à la Cour. Elle voyoit que cette personne s’étoit entièrement attachée à elle, et qu’elle prenoit un soin particulier de l’informer de tout ce qu’il y avoit de plus secret. Enfin cette princesse étoit dans une joie qu’elle ne pouvoit presque contenir.