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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/227

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Quelque temps se passa de cette sorte, et monsieur de Lauzun, qui poursuivoit toujours sa pointe, et qui continuoit toujours à redoubler ses soins auprès d’elle, connut enfin qu’il étoit assez bien dans son esprit pour espérer d’y pouvoir un jour être mieux, si le sort lui étoit toujours autant favorable qu’il avoit été, et c’étoit le désir du succès qui l’animoit toujours.

Un jour qu’il venoit un peu plus matin qu’à son ordinaire, soit par hasard ou de dessein formé, ou bien qu’il eût effectivement quelque nouveauté à apprendre à Mademoiselle, il n’eut pas plutôt monté l’escalier qu’ayant aussitôt traversé jusqu’à la chambre de cette princesse, il se prépara pour y entrer comme il avoit accoutumé, et pour cet effet, ayant entr’ouvert la porte, il aperçut cette princesse devant son miroir, ayant la gorge découverte. D’abord il se retira, et il referma la porte, le respect ne lui permettant pas d’avancer plus avant. Mademoiselle, qui entrevit quelqu’un et qui entendit la porte se fermer, cria assez haut et demanda avec beaucoup d’empressement qui c’étoit ; et dans le temps qu’on y vînt voir elle demanda : « N’est-ce point monsieur de Lauzun ? » La personne qui y étoit venue voir lui répondit que oui : « Qu’il entre ! » s’écria cette princesse par plusieurs fois. Dans ce même temps monsieur de Lauzun étant entré et ayant fait une profonde révérence, Mademoiselle lui dit : « Hé ! pourquoi, Monsieur, n’entrez-vous pas sans faire toutes ces cérémonies ? Quoi ! poursuivit cette princesse en souriant, est-ce par la fuite que l’on fait sa cour auprès des dames ? — Mademoiselle, répondit-il,