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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/231

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sans le secours de la naissance ni du sang, se sont mis en état eux-mêmes de pouvoir aspirer à tout ce qu’il y a de plus grand, et cela par leur propre mérite. Et je puis avancer sans feinte que monsieur le comte de Lauzun, autrement monsieur de Peguillin, en est un des premiers, et que, sa vertu le distinguant du commun des hommes, cette même vertu le peut élever avec justice à quelque chose d’extraordinaire. Je ne veux pas vous en dire davantage ; mais je sais bien que si vous saviez de quelle façon vous êtes dans mon esprit, vous n’auriez pas sujet d’envier un autre rang que celui où vous êtes, s’il est vrai que vous comptiez mon estime pour vous pour quelque chose [1]. — Ha ! Mademoiselle, répondit monsieur de Lauzun, que je suis heureux d’avoir l’honneur de vous avoir plu ! Mais que je suis

  1. Tout le passage qui précède semble avoir été inspiré par les lignes que voicy, tirées des Mémoires de Mademoiselle : « L’affaire qui me paroissoit la plus embarrassante étoit celle de lui faire entendre qu’il étoit plus heureux qu’il ne pensoit. Je ne laissois pas de songer quelquefois à l’inégalité de sa qualité et de la mienne. J’ai lu l’histoire de France et presque toutes celles qui sont écrites en françois ; je savois qu’il y avoit des exemples dans le royaume que des personnes d’une moindre qualité que la sienne avoient épousé des filles, des sœurs, des petites-filles, des veuves de rois ; qu’il n’y avoit point de différence de ces gens-là à lui que celle qu’il étoit né d’une plus grande et plus illustre maison qu’eux, et qu’il avoit plus de mérite et plus d’élévation dans l’âme qu’ils n’en avoient eu. Je surmontai cet obstacle par une multitude d’exemples qui se présentoient à mon souvenir… Je me souvins que j’avois lu dans les comédies de Corneille une espèce de destinée pareille à la mienne, et je regardois du côté de Dieu ce que le poète avoit imaginé par des vues humaines. J’envoyai à Paris, acheter toutes les œuvres de Corneille… Les œuvres de Corneille arrivées, je ne fus pas longtemps à