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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/25

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pour être plus particulièrement attaché à lui. Il rapporta à Sa Majesté que, s’étant acquitté de la commission dont elle l’avoit chargé, il avoit remarqué que mademoiselle de Mancini n’avoit pas jugé à propos de lui répondre à l’heure même, et qu’il étoit sorti de chez elle piqué vivement de son inattention aux honneurs que lui faisoit un grand roi comme lui ; que cependant elle méritoit d’en être aimée par un certain je ne sçais quoi qui la rendoit aimable.

Le Roi, qui ne sut que penser de son raisonnement, qui n’étoit pas autrement clair, lui ordonna d’y retourner et de ne point paroître devant lui qu’il n’eût une réponse. Le Duc obéit, et, étant près de mademoiselle de Mancini, il pensa, pour ôter tout soupçon au Cardinal sur ses fréquentes visites à mademoiselle sa nièce, devoir le voir, et, plutôt que de passer dans l’appartement de sa nièce, il fut dans celui du Cardinal, qui, le voyant, lui dit : « Vous vous trompez, ce n’est pas à moi à qui vous en voulez. Voyez ma nièce : elle vous recevra mieux que moi. »

Le Duc interdit, reprenant la parole, dit : « En tout cas, je la verrai pour un grand sujet », et sortit. Comme il fut chez mademoiselle de Mancini, il la trouva qui se désespéroit. Il voulut en savoir la cause, à quoi il ne parvint point. Elle le chargea de la lettre qu’elle avoit écrite au Roi et que le Cardinal avoit vue, puisque, l’ayant donnée à sa confidente pour la faire rendre au Duc, elle la porta au Cardinal, qui en fit l’ouverture, et qui, après l’avoir lue, l’alla communiquer à la Reine-Régente. Toutes choses faites de même de sa part, n’osant garder une lettre qui étoit pour