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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/265

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me sera bien plus doux que de me voir languir et être la risée de tout le monde. J’ai toujours eu le désir de me sacrifier pour Votre Altesse Royale, mais puisqu’elle m’en croit indigne, que du moins elle ait égard à ma bonne volonté… Je le dis encore, Mademoiselle, que je n’ai jamais perdu le souvenir de ce que vous êtes et de ce que je suis ; et ainsi je n’ai jamais été assez audacieux pour aspirer à ce bonheur, dont vous prenez plaisir de me flatter, seulement pour vous divertir. »

Il prononça ces paroles avec une action qui marquoit effectivement que son âme étoit dans un grand trouble et que la douleur qu’il souffroit étoit des plus aiguës, et Mademoiselle, qui l’observoit de près, le reconnut aisément, de façon, qu’elle souffroit de le voir souffrir. Elle le témoigna assez par ces paroles : « Quoi ! dit cette princesse avec une action toute passionnée, que faut-il donc faire, Monsieur, pour vous persuader ? Vous prenez autant de soin pour vous tourmenter que j’en prends pour vous procurer du repos. Je vous le dis encore, que je suis une princesse sincère, et ce que je vous ai déjà dit n’est que conformément à mes intentions ; et je vous en donnerai telle preuve que vous n’aurez pas lieu d’en douter. Pensez-vous que je voulusse vous traiter aussi favorablement comme j’ai fait, si je n’eusse pas eu pour vous les sentimens d’une véritable tendresse ? Non, poursuivit cette princesse, versant quelques larmes qu’elle ne put retenir, parcequ’elle voyoit M. de Lauzun dans la dernière affliction et toujours obstiné dans l’erreur qu’elle se moquoit de lui ; non, je