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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/290

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Cette lettre ôta tout le soupçon au public, et comme l’on vit qu’effectivement il n’y avoit plus rien à prétendre, il y en eut qui firent des vers burlesques sur ce mariage, qu’ils firent couler de main en main, en sorte qu’ils sont venus aux miennes. Le Roi est représenté en aigle, comme le roi des oiseaux, Mademoiselle en aiglonne, et M. de Lauzun en moineau, comme le plus petit de tous ; c’est un perroquet qui parle, et qui représente M. de Guise.


FABLE.


L’AIGLE, LE MOINEAU ET LE PERROQUET.



Tout est perdu, disoit un Perroquet,
    Mordant les bâtons de sa cage ;
Tout est perdu, disoit-il plein de rage.
Moi, tout surpris d’entendre tel caquet,
Qu’il n’avoit point appris dedans son esclavage,

    dans toute cette affaire, qu’une occasion de fortifier et d’augmenter son crédit auprès du Roi par une soumission aveugle à ses volontés, soumission dont il ne manquoit, dans aucun cas, de lui faire sentir le prix. Poursuivi par mademoiselle de Montpensier, pour qui son indifférence est fort visible dans toutes les paroles, dans tous les actes que rapporte de lui, en les admirant, mademoiselle de Montpensier, trop prévenue en faveur de sa passion, le comte de Lauzun avoit, par ses charges et ses gouvernements, une fortune qui pouvoit suffire au luxe de sa table et de ses équipages ; celle que lui auroit apportée son mariage ne devoit lui servir qu’à faire avec plus d’éclat sa cour au Roi, et il n’en faisoit même pas un mystère à Mademoiselle. Sa soumission devoit accroître son crédit : il fut soumis.