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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/331

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eus, et il crut, sans en douter, que toutes ces choses n’étoient point sans mystère ; mais, n’en ayant aucune preuve, il n’osa éclater.

Le chevalier de Fosseuse eut une inquiétude extraordinaire de savoir comment s’étoit passé le reste de cette étrange aventure, ayant la dernière appréhension que M. de Bagneux ne l’eût aperçu dans la chambre de sa femme ou dans la rue.

Il ne put pourtant le savoir si tôt. M. de Bagneux fit connoître ses soupçons à sa femme par la mauvaise humeur où il fut durant plusieurs jours. Elle eut bien de la peine à se ménager avec lui pendant ce temps-là, ce qui lui fit comprendre le malheur que ce lui seroit s’il venoit à savoir enfin ce qu’il avoit été si près de découvrir, et lui fit prendre la résolution de défendre au chevalier de Fosseuse de la plus revoir.

Mais quelques jours après, le voyant sensiblement touché du danger où elle avoit été, et connoissant par sa douleur combien elle lui étoit chère, elle n’eut pas la force de lui faire cette défense. Elle lui témoigna seulement les appréhensions qu’elle avoit, et le pria de ne lui point demander des choses à l’avenir où elle pût être ainsi exposée, lui disant qu’elle se sentoit trop foible pour lui rien refuser, et qu’elle mourroit infailliblement si le malheur qu’elle craignoit lui arrivoit.

Bonneville, qui étoit toujours dans les intérêts du baron de Villefranche, lui apprit d’où elle avoit tiré le chevalier de Fosseuse et madame de Bagneux. Il fut fâché en lui-même que le chevalier de Fosseuse eût échappé à la fureur