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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/330

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Bonneville, qui étoit à une fenêtre, d’où l’on pouvoit voir ceux qui entroient, fut bien surprise de le voir revenir si tôt. Elle courut toute troublée à la chambre de sa maîtresse, et lui dit que M. de Bagneux venoit d’entrer. Madame de Bagneux demeura sans pouvoir parler d’étonnement, et le chevalier de Fosseuse n’en fut guère moins surpris qu’elle, ne croyant pas pouvoir empêcher que M. de Bagneux ne les trouvât ensemble, n’y ayant point d’autre montée pour sortir de cette chambre que celle par laquelle il devoit monter.

Ils étoient tous trois si saisis de peur que M. de Bagneux étoit déjà proche de la chambre sans qu’ils eussent encore pensé à aucun moyen pour détourner un éclat qui eût sans doute été terrible. Enfin Bonneville, l’entendant approcher, alla tirer devant les fenêtres les rideaux qui servoient ordinairement à empêcher que le grand jour ne donnât dans la chambre, ce qui, joint à ce qu’il étoit déjà tard, y causa une grande obscurité, et lorsque M. de Bagneux entra, elle se mit devant le chevalier de Fosseuse, afin que M. de Bagneux le pût moins voir ; et pendant que, transporté de fureur, il alla ouvrir les rideaux qui causoient cette obscurité et l’empêchoient de voir, elle prit le faux baron de Villefranche et le fit sortir de la chambre.

Madame de Bagneux, qui étoit à moitié morte, s’étoit jetée sur son lit. M. de Bagneux s’en approcha aussitôt qu’il vit clair. Encore qu’il ne vît personne et qu’il n’eût point entendu sortir le chevalier de Fosseuse, le trouble où il remarqua qu’elle étoit augmenta les soupçons qu’il avoit