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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/363

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Après quelque grand bruit d’alors.
Il lui contoit pour l’ordinaire
Tous les faits de son chien Cerbère,
S’il s’étoit jeté tout à coup
Sur quelque cerf ou quelque loup,
Si le chevreuil ou bien le lièvre
Avoit eu ce jour-là la fièvre,
En se voyant dessus ses fins
À la merci de ses mâtins.
L’autre, qui paraissoit plus sage,
Étoit aussi d’un autre usage.
C’étoit un homme libéral,
Qui donnoit tout, ou bien, ou mal ;
Même l’on dit, entre autre chose
(Que personne de vous ne glose),
Qu’avant que de lui dire adieu,
Il lui meubla son prié-Dieu[1],
Mais des plus beaux bijoux du monde,
De tout ce que la terre et l’onde
Fournissent de plus précieux,
Et de plus éclatant aux yeux.
Combien cet amant plein de zèle
A-t-il souffert de maux pour elle !
Il a blanchi dessous le faix,
Outre sa dépense et ses frais.
Quelle auroit donc été sa peine,
S’il eût aimé quelque inhumaine !
Sans rendre ces deux mécontents,
Elle avoit dès ce même temps

  1. Nous écrivons prié-Dieu et non prie-Dieu pour conserver la mesure du vers, et surtout parce que la deuxième forme n’étoit pas encore admise. Richelet ne donne que la première ; Furetière admet les deux, et le Dictionnaire de Trévoux, qui les conserve, n’emploie pas la seconde dans ses exemples.