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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/362

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Qu’il chassa, dit-on, de furie,
Ce qui fit beaucoup plus d’éclat
Que s’il s’en fût pris au prélat.
Mais notre adorable comtesse,
Pour autoriser sa grossesse,
Lui soutint, jurant de sa part,
Que déjà devant son départ
Sa fille avoit été conçue,
Qu’elle s’en étoit aperçue.
Le temps pourtant s’accordoit mal ;
Mais dans un endroit si fatal
On n’examina pas la chose ;
On lui fit croire que la glose
De ce doute fâcheux qu’il prit
Étoit une absence d’esprit,
Et dans ses grandes rêveries[1],
Il se forgeoit ces niaiseries.
Lors le mari le crut assez :
Vous le croirez si vous voulez.
À ces deux-là, qui la quittèrent,
Deux autres fameux succédèrent :
Chavigny, autrement de Pont[2],
Et d’Elbeuf[3], homme assez profond
Dans la science de la chasse,
Qui remplissoit fort bien sa place,
Lorsqu’il appliquoit ses efforts

  1. Nous avons déjà dit que le comte de Brancas sembloit être l’original du portrait que La Bruyère a tracé du distrait, sous le nom de Ménalque.
  2. Armand-Léon Le Bouthillier, comte de Chavigny, seigneur de Pons, maître des requêtes, étoit fils de Léon Le Bouthillier de Chavigny et d’Anne Phelippeaux. Il épousa, en 1658, Élisabeth Bossuet, et mourut en 1684.
  3. Charles de Lorraine, troisième du nom, duc d’Elbeuf, gouverneur de Picardie, né en 1620, mort en 1652.