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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/369

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Elle en fut moins mortifiée,
Car, comme cet homme de cour
Alla la voir un autre jour,
Il se paya d’une monnoie
Qu’il reçut même avecque joie,
Et qu’on entend à demi-mot
À moins que de passer pour sot.
Je tiens, pour moi, qu’on peut le croire,
Puisque lui-même en fait l’histoire.
Dans ce temps-là monsieur Jeannin
La revit, sans qu’aucun venin
D’une immortelle jalousie
Lui vint troubler la fantaisie ;
Elle le reçut de bon œil,
Et l’eût aimé jusqu’au cercueil,
Sans qu’une méchante personne
Le lui ravit : ce fut d’Olonne
Qui luit prit encor celui-ci
Et bien d’autres qu’on sait aussi.
Monsieur de Beaufort[1], ce grand homme,
Que l’on connoît dès qu’on le nomme,
Depuis les plus petits enfans
Jusqu’à ceux qui n’ont point de dents,
La consola de cette perte ;
Tous les jours elle étoit alerte
Pour épier où ce héros
Lui pourroit parler en repos.
J’aurois de quoi vous faire rire,
Si je voulois ici vous dire
Mille et mille discours sans fin,
Et les rendez-vous du jardin
Du fameux hôtel de Vendôme[2],

  1. François de Vendôme, duc de Beaufort, le roi des Halles.
  2. Cet hôtel étoit situé dans la rue Saint-Honoré, non loin