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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/384

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à son intrigue, et ne se mit pas beaucoup en peine de le consoler, croyant qu’après sa folie, dont on commençoit à parler dans le monde, il n’y auroit plus de retour pour lui aux bonnes grâces du grand Alcandre. Cependant sa disgrâce ne dura pas si longtemps qu’on s’étoit imaginé, car le grand Alcandre, n’ayant pas trouvé dans la possession de la princesse de Monaco assez de charmes pour le retenir, n’eut pas plutôt passé sa fantaisie qu’il pardonna à M. de Lauzun, qui revint à la cour avec plus de crédit que jamais ; dont néanmoins chacun demeura assez étonné, ne croyant pas que, de l’humeur dont étoit le grand Alcandre, il dût jamais oublier le manque de respect qu’il avoit eu pour lui.

Le retour de M. de Lauzun à la cour ayant fait concevoir à tout le monde qu’il falloit qu’il eût un grand ascendant sur l’esprit du grand Alcandre, chacun s’empressa de lui donner des marques de son attachement. Madame de Montespan, entr’autres, ne lui put refuser ses dernières faveurs. Cette nouvelle intrigue, qui devoit consoler M. de Lauzun de l’infidélité de la princesse de Monaco, n’empêcha pas qu’il ne songeât à s’en venger. Il en trouva l’occasion quelques jours après. Cette dame étoit assise avec plusieurs autres sur un lit de gazon, et ayant la main sur l’herbe : il mit son talon dessus, comme par mégarde ; puis ayant fait une pirouette pour appuyer davantage, il se tourna vers elle, faisant semblant de lui demander pardon.

La douleur que la princesse de Monaco sentit lui fit faire un grand cri ; mais, y étant encore moins sensible qu’à un rire moqueur que M. de