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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/408

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la plus belle et la plus considérable de toute la cour [1], ceux qui avoient du crédit auprès du grand Alcandre y prétendoient ; M. de Lauzun entre autres, que le grand Alcandre avoit fait il n’y avoit pas long-temps capitaine de ses gardes. Cependant il n’osoit la lui demander, soit qu’il se fût aperçu qu’il commençoit à n’être plus si bien dans son esprit qu’il avoit été autrefois, ou qu’il ne voulût pas à toute heure et à tous momens l’importuner de nouvelles grâces.

Il avoit fait la paix en apparence avec madame de Montespan, qui, pour le faire donner plus adroitement dans le panneau, avoit fait semblant de lui pardonner. M. de Lauzun, croyant donc qu’elle ne lui refuseroit pas son entremise, la pria de vouloir le servir en cette rencontre, mais de ne pas dire au grand Alcandre qu’il lui eût fait cette prière. Madame de Montespan le lui promit ; mais, allant en même temps trouver le grand Alcandre, elle lui dit que M. de Lauzun n’étoit plus rien que mystère ; qu’il lui avoit fait promettre de lui demander la charge du comte de Guiche, mais qu’il avoit exigé en même temps de ne lui pas dire qu’il l’en avoit priée ; qu’elle ne concevoit pas pourquoi tous ces détours avec un prince qui l’avoit comblé de tant de grâces, et qui l’en combloit encore tous les jours ; que, quoiqu’

  1. « Le régiment des gardes françoises est le premier et le plus considérable de l’infanterie. Il est composé de trente compagnies, et chaque compagnie de deux cents hommes. » (État de la France.) — D’après Saint-Simon (t. 20, édit. Sautelet), ce n’est pas la charge de colonel du régiment des gardes, mais celle de grand-maître de l’artillerie, qu’auroit poursuivie Lauzun. Cf. ci-dessus, p. 390, note 1.