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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/409

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il n’y eût pas lieu de croire qu’il avoit pu avoir de méchants desseins en demandant cette charge, néanmoins elle ne la lui accorderoit pas si elle étoit à sa place, puisque toutes les bontés qu’il avoit pour lui méritoient bien du moins que pour toute reconnoissance il fît paroître plus de franchise.

Quoique le procédé de M. de Lauzun ne fût rien dans le fond, comme madame de Montespan néanmoins y donnoit les couleurs les plus noires qu’il lui étoit possible, le grand Alcandre y fit réflexion, et, témoignant à madame de Montespan qu’il ne pouvoit comprendre le dessein que M. de Lauzun pouvoit avoir, elle lui conseilla de lui en parler lui-même, pour voir s’il useroit toujours des mêmes détours. Le grand Alcandre approuva ce conseil, et, s’étant enfermé avec M. de Lauzun dans son cabinet, après lui avoir parlé de choses et d’autres, il l’entretint de tous ceux qui aspiroient à la charge du comte de Guiche, lui disant que son dessein n’étoit pas d’en gratifier aucun, parce qu’ils ne lui sembloient pas avoir assez d’expérience pour remplir une si grande charge.

M. de Lauzun, ravi de voir le grand Alcandre dans ces sentimens, tâcha de l’y confirmer, ajoutant à ce qu’il avoit dit de ces personnes-là quelque chose à leur désavantage. Mais, comme il ne venoit point à ce que le grand Alcandre désiroit de lui, c’est-à-dire à lui demander si elle ne l’accommoderoit pas, et s’il n’avoit pas envie de l’avoir lui-même, M. de Lauzun lui répondit qu’après avoir reçu tant de grâces de Sa Majesté, il n’avoit garde d’en prétendre de nouvelles ; qu’ainsi il osoit lui assurer