Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/411

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’il ne lui dît, et même de si grossières, qu’on n’eût jamais cru que c’étoit un homme de qualité qui les eût pu avoir à la bouche. Madame de Montespan lui dit que, si ce n’étoit qu’elle espéroit que le grand Alcandre lui en feroit justice, elle le dévisageroit à l’heure même, mais qu’elle vouloit bien s’en remettre à lui.

Après qu’il lui eut encore dit tout ce que le désespoir et la rage peuvent inspirer de plus sale et de plus vilain, il s’en fut chez mademoiselle de Montpensier, qu’il ne put caresser comme il avoit accoutumé, tant l’abattement de l’esprit avoit contribué à celui du corps. Cependant, comme la princesse n’y trouvoit pas son compte, elle voulut savoir d’où cela provenoit, lui jurant que la chose seroit bien difficile si elle ne tâchoit d’y apporter remède. M. de Lauzun, se croyant obligé de lui dire ce que c’étoit, lui fit part de la conversation qu’il avoit eue avec le grand Alcandre, et de la visite qu’il avoit rendue ensuite à madame de Montespan, ne lui cachant rien de tout ce qu’il lui avoit dit de désobligeant.

La princesse, à qui l’âge avoit donné plus d’expérience qu’à lui, qui naturellement avoit beaucoup d’esprit, mais fort peu de jugement, le blâma de ce qu’il avoit fait, lui disant que toutes vérités n’étoient pas toujours bonnes à dire. Elle appréhenda le ressentiment du grand Alcandre, et, dans la crainte qu’elle avoit que cette conjoncture ne fût nuisible à ses plaisirs, elle fit ce qu’elle put pour en prendre toujours par provision, de peur qu’il ne lui fût pas permis d’en prendre toutes fois et quantes qu’elle en auroit la volonté.

Eh effet, le grand Alcandre ayant su que M.