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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/412

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de Lauzun, nonobstant ses ordres réitérés tant de fois, s’étoit encore déchaîné contre madame de Montespan, résolut de le faire arrêter [1]. Les

  1. Mademoiselle de Montpensier semble douter de la part que prit madame de Montespan à la disgrâce du Lauzun : « On croyoit, dit-elle, que madame de Montespan, qui avoit été fort de ses amies, avoit changé. On n’en disoit pas la raison : on ne doit pas croire que mon affaire, qui ne paroissoit point être désagréable au Roi, l’ait pu être à elle…. Je crois que ce fut son malheur seul qui lui attira celui-là. » Cependant Mademoiselle n’ignoroit pas les rapports de Lauzun avec madame de Montespan : « Il avoit, à ce que l’on dit, souvent des démêlés avec madame de Montespan. Cela n’est pas venu à ma connoissance, et je ne m’en suis pas informée. » On voit que mademoiselle de Montpensier s’aveugloit volontairement (Mém., VI, 346-348). Segrais, confident de mademoiselle de Montpensier et disgracié par elle, parce qu’il lui parloit trop franchement au sujet de Lauzun, s’explique ainsi sur l’arrestation de celui-ci : « Lorsque M. de Lauzun sut que c’étoit madame de Montespan qui avoit empêché que son mariage ne s’accomplît avec Mademoiselle, il conçut une haine implacable contre elle et il commença à se déchaîner contre sa conduite, non-seulement dans toutes les occasions et dans toutes les compagnies où il se trouvoit, mais encore à deux pas d’elle, de telle manière qu’elle avoit entendu dire des choses très cruelles de sa personne. Madame de Maintenon, qui étoit auprès de madame de Montespan, sachant que le Roi avoit résolu de faire la guerre aux Hollandois, comme il la fit en 1672, lui demanda ce qu’elle prétendoit devenir lorsque la guerre seroit déclarée, et si elle ne considéroit pas que M. de Lauzun, qui étoit si bien dans l’esprit du Roi et qui auroit lieu d’entretenir souvent le Roi par le rang que sa charge lui donnoit, lui rendroit de mauvais offices pendant qu’elle resteroit à Versailles. Madame de Montespan, effrayée par les sujets de crainte que madame de Maintenon venoit de lui dire, lui demanda quel remède on pourroit y apporter. Elle répondit que c’étoit de le faire arrêter, et qu’elle en avoit un beau prétexte, en représentant au Roi toutes les indignités dont elle savoit que M. de Lauzun la chargeoit tous les jours, et qu’il n’en falloit pas davantage pour obliger le Roi de la délivrer d’un ennemi si redoutable. Elle fit ses plaintes et