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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/413

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remontrances de M. de Louvois, qui ne cessoit de lui représenter qu’il ne pourroit ramener autrement cet esprit à la raison, y servirent beaucoup. Enfin, après avoir vaincu tous les retours qu’il avoit encore pour cet indigne favori, l’ordre en fut donné au chevalier de Fourbin [1], major des gardes du corps, qui se transporta à l’heure même chez M. de Lauzun, où, ayant appris qu’il étoit allé à Paris, il laissa un garde en sentinelle à la porte, avec ordre de le venir avertir dès le moment qu’il seroit revenu. M. de Lauzun arriva une heure après, et le garde en étant venu avertir le chevalier de Fourbin, il posa des gardes autour de la maison, puis entra dedans et le trouva auprès du feu, qui ne songeoit guère à son malheur, car d’aussi loin qu’il le vit venir, il s’enquit de lui ce qui l’amenoit, et s’il ne venoit point de la part du grand Alcandre pour lui dire de le venir trouver. Le chevalier de Fourbin répondit que non, mais qu’il lui envoyoit demander son épée ; qu’il étoit fâché d’être chargé d’une telle commission, mais que, comme il étoit obligé de faire ce que son maître lui commandoit, il n’avoit pu s’en dispenser.

Il est aisé de juger de la surprise de M. de

    M. de Lauzun fut arrêté. » (Mém. anecdotes de Segrais ; œuvres, Paris, 1755, in-12, t. 2, p. 92.)

  1. L’État de la France de 1669 et années suivantes mentionne en effet le chevalier de Fourbin ou Forbin comme « major, reçu lieutenant, et précédant tous les lieutenants reçus depuis lui. » Melchior, chevalier de Forbin, étoit fils du marquis Gaspard de Forbin-Janson et de Claire de Libertat, sa seconde femme ; son frère aîné, marquis de Janson, étoit gouverneur d’Antibes, et son frère le plus jeune, cardinal évêque de Beauvais. Le chevalier de Forbin fut tué au combat de Casano. (Saint-Simon.)