Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/417

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

s’il pouvoit trouver cinquante mille écus, il lui donneroit le reste pour avoir la charge du comte de Guiche, à qui il falloit compter six cent mille francs avant d’avoir sa démission. Le duc de la Feuillade répondit en riant au grand Alcandre qu’il les trouveroit bien s’il lui vouloit servir de caution ; et après l’avoir remercié sérieusement de la grâce qu’il lui faisoit, il prit congé de lui pour aller chercher à Paris la somme qu’il lui demandoit.

Comme la nouvelle de ce que le grand Alcandre faisoit pour lui s’étoit répandue parmi les courtisans, il en trouva un grand nombre dans l’antichambre et sur le degré, qui lui en vinrent faire leurs complimens. Mais les ayant à peine écoutés, il s’en retourna avec son air brusque dans la chambre du grand Alcandre, à qui il dit qu’on n’avoit plus que faire d’avoir recours aux saints pour voir des miracles ; que Sa Majesté en faisoit de plus grands que tous les saints du paradis ; que quand il étoit arrivé le matin à son lever, il n’avoit été regardé de personne, parce que personne ne croyoit que Sa Majesté dût faire ce qu’elle avoit fait pour lui ; mais que chacun n’avoit pas plustôt entendu la grâce qu’elle lui avoit accordée, qu’on s’étoit empressé à l’envi l’un de l’autre de lui faire des offres de service, mais des offres de service à la mode de la cour, c’est-à-dire sans que pas un lui eût offert sa bourse pour y pouvoir prendre les cinquante mille écus dont il avoit tant de besoin.

    duc de Roannez, son frère. Le Roi approuva cette cession par lettres du mois d’août 1666. Cf. I, p. 243.