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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/421

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qu’à le lui demander à lui-même, et qu’après cela elle ne croyoit pas qu’il mît encore de la poudre de Polleville.

Elle ne voulut jamais lui rien dire davantage jusques à ce qu’elle fût coiffée ; mais, celle qui la coiffoit s’en étant allée, elle lui dit, après cela, que, le comte de Saulx ayant eu un rendez-vous avec madame de Cœuvres [1], il n’en étoit pas sorti à son honneur à cause du Polleville, et qu’elle croyoit bien qu’il lui en pourroit arriver autant s’il se trouvoit en pareille rencontre. Ce reproche fit rire le duc de Longueville, et, comme la force de sa jeunesse lui faisoit croire qu’il ne haïssoit pas là maréchale, qu’il avoit trouvée jolie femme à son miroir, il lui dit qu’il avoit mis ce jour-là du Polleville, mais qu’il parieroit bien qu’il ne lui arriveroit pas le même accident qui étoit arrivé au comte de Saulx. Là-dessus, il se mit en état de la caresser, et la maréchale, feignant de lui savoir mauvais gré de sa hardiesse, pour l’animer encore davantage, se défendit jusques à ce qu’elle fût proche d’un lit, où elle se laissa tomber. Elle éprouva là que ce qui se disoit du comte de Saulx étoit un effet de sa foiblesse, et non pas du Polleville, comme il avoit été bien aise de le faire accroire.

Le duc de Longueville, ravi de son aventure, en usa en jeune homme, ce qui ne déplut pas à la maréchale, qui lui recommanda le secret, lui faisant entendre qu’elle avoit affaire à un mari

  1. Madame de Cœuvres étoit Magdeleine de Lyonne ; elle avoit épousé, le 10 février 1670, François-Annibal d’Estrées, troisième du nom, petit-fils du maréchal.