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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/420

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l’entretenir tout à son aise. Cependant ce fut avec peu de profit, car le jeune prince étoit encore si neuf dans les mystères amoureux, qu’il n’entendit ni ce que cent œillades ni ce que cent minauderies lui vouloient dire, et qui en eussent néanmoins assez averti un autre qui en auroit été mieux instruit que lui.

Cependant, comme la maréchale, toute vieille qu’elle étoit, ne lui avoit pas déplu, il la fut revoir le lendemain à la même heure ; et, la trouvant à sa toilette, il lui dit qu’il lui vouloit faire présent d’une poudre admirable. La maréchale lui demanda quelle poudre c’étoit, et, le duc de Longueville lui ayant dit que c’étoit de la poudre de Polleville [1], à peine eut-il lâché la parole qu’elle s’écria qu’elle le dispensoit de lui en envoyer ; que c’étoit une poudre abominable, et qu’il faudroit faire brûler celui qui l’avoit inventée. Elle demanda aussitôt au duc de Longueville s’il s’en servoit, et, le duc lui ayant dit qu’oui, elle lui dit de ne la pas approcher, et que cette poudre étoit pire que la peste. Le duc, qui ne savoit ce que cela vouloit dire, la pria de lui expliquer cette énigme ; et, la maréchale lui demandant s’il n’avoit pas entendu parler de ce qui étoit arrivé au comte de Saulx [2], comme il lui eut répondu que non, elle lui dit qu’il n’avoit

  1. Le fait dont il est ici parlé sommairement est rapporté tout au long dans le pamphlet des Vieilles amoureuses, qu’on lira dans ce recueil.
  2. Le comte de Saulx, plus tard duc de Lesdiguières, étoit fils de François de Lesdiguières, fils lui-même du maréchal de Créqui et de Madelaine de Bonne. Le comte de Saulx épousa Paule-Marguerite-Françoise de Gondi de Retz, nièce de Paul de Gondy, second cardinal de Retz.