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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/424

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sa suite, d’Effiat crut à propos d’attendre une occasion plus favorable pour tirer raison et de l’injure qu’il venoit de recevoir et du vol qu’il lui avoit fait de sa maîtresse.

Cependant le duc de Longueville, voyant que d’Effiat n’étoit point venu après lui, prit pour un effet de son peu de courage ce qui n’étoit qu’un effet de son jugement, si bien qu’il commença à en faire des médisances, lesquelles étant rapportées à d’Effiat le mirent dans un tel excès de colère qu’il résolut de se perdre ou d’en tirer vengeance. Pour cet effet il dépêcha deux ou trois espions pour savoir quand le duc de Longueville sortiroit tout seul, ce qui lui arrivoit souvent, ayant, outre l’intrigue de la maréchale, quelques amourettes en ville qui lui donnoient de l’occupation. Deux ou trois jours après, un de ces espions l’étant venu avertir que le duc étoit sorti tout seul en chaise, et étoit allé à quelque découverte, il se fut poster sur son chemin, tellement que, comme il s’en revenoit à deux heures après minuit, il se présenta devant lui, tenant un bâton d’une main et l’épée de l’autre, lui criant de sortir de sa chaise, sinon qu’il le maltraiteroit. Le duc de Longueville, ayant fait en même temps arrêter ses porteurs, voulut mettre l’épée à la main ; mais d’Effiat le chargeant devant qu’il eût le temps de la tirer du fourreau, il lui donna quelques coups de cannes ; ce que voyant les porteurs, ils tirèrent les bâtons de la chaise et alloient assommer d’Effiat, s’il n’eût jugé à propos d’éviter leur furie par une prompte fuite.

Il est aisé de comprendre le désespoir du duc