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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/425

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après un affront si sensible, et combien il désira de se venger. Il défendit aux porteurs de chaise de parler jamais de cette aventure, et n’en parlant lui-même qu’à un de ses bons amis, celui-ci lui conseilla de se donner de garde de s’en plaindre : car, quoique le grand Alcandre n’eût pas manqué d’en faire une punition exemplaire, comme il ne croyoit pas qu’un prince à qui on avoit fait un tel affront pût se venger par le ministère d’autrui, il lui dit qu’il n’y avoit rien à faire que de faire assassiner son ennemi. En effet, c’étoit le seul parti qu’il y avoit à prendre en cette occasion : car, quoiqu’il ne soit pas généreux de faire des actions de cette nature, toutefois, comme c’eût été s’exposer à être battu que de prendre d’Effiat en brave homme, il n’étoit pas juste, et surtout à un prince, de recevoir deux affronts en un même temps.

Quoi qu’il en soit, le duc s’étant déterminé à suivre ce conseil, il ne chercha plus que les occasions de le faire réussir. Mais c’étoit une chose bien difficile, parce que d’Effiat, après avoir fait une pareille folie, n’alloit plus que bien accompagné et se tenoit sur ses gardes.

Cependant il arriva que la maréchale de La Ferté devint grosse, ce [1] qui alarma extrêmement cette dame : car il faut savoir qu’elle ne couchoit point avec son mari, qui étoit un vieux goutteux, grand chemin du cocuage, surtout quand on a une femme de bon appétit, comme étoit la maréchale.

  1. Tout le passage qui suit, entre crochets, manque à l’édition de 1754 ; mais il se trouve dans les éditions antérieures, 1709, 1740, etc.