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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/431

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son fils étoit à l’armée, sa femme [1] ne vînt à se débaucher. Mais c’étoit une chose faite, et elle n’avoit pu entendre parler à la maréchale du plaisir qu’il y avoit à faire une infidélité à son mari, sans vouloir éprouver ce qui en étoit. M. de Bertillac y tenoit la main cependant autant qu’il lui étoit possible, avoit l’œil sur elle, et lui recommandoit d’avoir l’honneur en recommandation ; mais comme il étoit beaucoup occupé à la garde des trésors du grand Alcandre, que ce prince lui avoit confiés, autant il lui étoit difficile de pouvoir répondre de la conduite de sa belle-fille, autant il étoit aisé à sa belle-fille de lui en faire accroire.

Cependant madame de Bertillac étant allée un jour à la comédie avec la maréchale, comme celle-ci eut vu danser le Basque sauteur [2], elle dit à l’autre qu’elle s’imaginoit qu’un homme qui avoit les reins si souples étoit un admirable acteur, lui avouant en même temps qu’elle seroit ravie d’en faire l’expérience elle-même. L’ingénuité de la maréchale ayant obligé madame de Bertillac de lui parler aussi à cœur ouvert, elle dit qu’elle croyoit bien qu’il y auroit beaucoup de plaisir à faire ce qu’elle disoit, mais que pour

    M. de La Bazinière. Lui-même avoit exercé une de ces trois charges, avec M. de Tubeuf et M. de Lyonne, et on trouve dans les œuvres de Scarron une épître collective qu’il leur adresse pour se faire payer de sa pension. Nous aurons à reparler de madame de Bertillac.

  1. Anne-Louise Habert de Montmort, fille de l’académicien de ce nom, mariée en 1666 avec M. de Bertillac fils.
  2. Ce Basque sauteur n’est-il point le Cobus de La Bruyère, comme son Roscius est Baron ? (Voy. l’édit. de La Bruyère donnée dans cette collection, t. 1, 203.)