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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/432

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elle, si elle étoit tentée de quelque chose, c’étoit de savoir si Baron [1], comédien, avoit autant d’agrément dans la conversation qu’il en avoit sur le théâtre. Cette confidence fut suivie de l’approbation de la maréchale ; elle releva le mérite de Baron, afin que madame de Bertillac relevât celui du Basque, et, s’encourageant toutes deux à tâter de cette aventure autrement que dans l’idée, elles ne furent pas plus tôt sorties de la comédie, qu’elles se résolurent d’écrire à ces deux hommes, pour les prier de leur accorder un moment de leur conversation.

Baron et le Basque furent surpris de l’honneur qu’on leur faisoit, et, n’ayant pas manqué d’y répondre civilement, l’entrevue se fit à St-Cloud [2], d’où les dames s’en revinrent si contentes qu’elles convinrent avec eux que ce ne seroit pas là la dernière fois qu’ils se verroient. Elles se firent part après cela l’une à l’autre de ce qui leur étoit arrivé, et elles furent obligées de tomber d’accord que ce n’étoit pas toujours des gens de qualité qu’on tiroit les plus grands services. À l’égard des hommes, ils n’eurent pas tous deux pareil sujet de contentement. Si Baron fut satisfait de sa fortune, il n’en fut pas de même du Basque, qui trouvoit que la maréchale étoit insatiable. Il dit à Baron que, quoiqu’il fatiguât beaucoup à la comédie, il aimeroit mieux être obligé d’y danser tous les jours, que d’être seulement une heure avec elle. Baron le consola sur le bonheur

  1. Voy. le 1er vol. de l’Histoire amoureuse, p. 5.
  2. Le cabaret de La Durier y étoit fameux, et c’étoit le lieu ordinaire des cadeaux.