Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/435

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avec elle d’une manière que s’il n’avoit pas été son beau-père, elle auroit cru qu’il auroit été amoureux d’elle, tant il étoit devenu jaloux.

Ces nouvelles fâchèrent son mari, qui l’aimoit tendrement, et qui étoit bien éloigné de la croire infidèle ; et, attribuant toute la faute à son père, le reste de la campagne lui dura mille ans, tant il étoit pressé d’aller consoler cette chère épouse. Cependant il manda à M. de Bertillac qu’il le prioit de laisser sa femme en repos ; qu’il connoissoit sa vertu, et que c’en étoit assez pour ne rien croire de tous les bruits qui couroient à son désavantage. Pour ce qui est d’elle, il lui écrivit de se donner bien de garde d’aller dans un couvent, à moins qu’elle ne le voulût faire mourir de douleur ; qu’elle prît patience jusqu’à la fin de la campagne, et qu’après cela il donneroit ordre à tout. En effet, il ne fut pas plus tôt revenu, qu’il ne voulut écouter personne à son préjudice. Ainsi il vécut avec elle comme à l’ordinaire, de sorte que si elle n’étoit point morte quelque temps après, elle auroit pris un si grand ascendant sur son esprit, qu’elle auroit fait tout ce qu’elle auroit voulu sans qu’il y eût jamais trouvé à redire.

La mort de madame de Bertillac [1] fit entrer

  1. Toute cette intrigue dura assez longtemps, puisque madame de Bertillac ne mourut qu’en 1680. Madame de Sévigné raconte sa maladie (Lettre du 24 janv. 1680) et sa mort (7 fév.), et elle confirme la vérité du récit qu’on vient de lire.

    « Voici, dit-elle, une histoire bien tragique. Cette pauvre Bertillac est devenue passionnée, pour ses péchés passés, de l’insensible C…; il l’a vue s’enflammer et non pas se défendre ; il a été d’abord au fait et lui a fait mettre en gage ses perles pour soutenir un peu la bassette. On le vit arriver