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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/46

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fort mécontente. Le Roi n’avoit pas laissé de concevoir de l’amour pour sa fille ; mais il fallut que cette inclination naissante cédât à la politique. Au reste, la princesse n’étoit pas belle [1].

Elle n’avoit pas été sa première inclination : il avoit vu aux Tuileries Élisabeth de Tarneau [2], fille d’un avocat au Parlement, et d’une grande beauté. Il fit diverses tentatives pour l’engager à répondre à son amour. Comme elle se piquoit de sagesse, elle refusa même une entrevue, pour ne pas mettre sa vertu en danger.

Une troisième fut moins fière, et elle remplit quelque temps le poste que l’autre avoit refusé. Elle se nommoit de la Mothe-Argencourt [3],

  1. « Quand on sut Madame Royale proche, on le vint dire au Roi. Il monta à cheval et s’en alla au devant d’elle… Le Roi revint au galop, mit pied à terre et s’approcha du carrosse de la Reine avec une mine la plus gaye et la plus satisfaite. La Reine lui dit : « Eh bien ! mon fils ? » Il répondit : « Elle est bien plus petite (la princesse Marguerite) que madame la maréchale de Villeroy. Elle a la taille la plus aisée du monde ; elle a le teint… » Il hésita… Il ne pouvoit trouver le mot ; il dit olivâtre, et ajouta : « Cela lui sied bien. Elle a de beaux yeux, elle me plaît, et je la trouve à ma fantaisie. » — Mademoiselle ajoute en son nom : « La princesse Marguerite, quand elle marche, paroît avoir les hanches grosses pour sa taille ; cela paroît moins par devant que par derrière, quoique cela soit fort disproportionné. » D’ailleurs elle appartenoit à une famille de bossus. La pièce du Gobbin, par Saint-Amant, avoit été faite contre le duc de Savoie. — Madame de Motteville confirme de tous points le récit de Mademoiselle.
  2. Nous connoissons un avocat de ce nom, mais qui plaidoit au grand Conseil. Il étoit protestant, et on voit son nom mêlé dans une affaire assez délicate, où étoient mis en cause le pasteur Alex. Morus et l’écrivain Samuel Chappuzeau. (Mss. de Conrart.)
  3. Sur mademoiselle d’Argencourt, voy. Mém. de madame