Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fille d’honneur de la Reine-Mère. Entre autres qualités attrayantes (car elle étoit fort jolie), elle possédoit celle de danser parfaitement. Ce fut dans cet exercice que le Roi en devint amoureux. Il ne put si bien cacher son commerce que le Cardinal n’en fût averti. Il suscita un chagrin à la demoiselle, qui prit aussitôt le parti du couvent.

Le Roi chercha à s’en consoler dans les bras d’une autre maîtresse [1]. Il choisit mademoiselle de Mancini [2], laide, grosse, petite, et l’air d’une cabaretière, mais de l’esprit comme un ange, ce qui faisoit qu’en l’entendant on oublioit qu’elle étoit laide, et l’on s’y plaisoit volontiers. Comme elle aimoit le Roi, ils passoient, dit-on, de bonnes

    de Motteville, Loret, etc. Quand mademoiselle de La Porte épousa le chevalier Garnier, elle lui succéda dans la charge de fille d’honneur de la Reine Mère. Cette amourette est de 1657. « Elle n’avoit ni une éclatante beauté, ni un esprit fort extraordinaire ; mais toute sa personne étoit aimable. Sa peau n’étoit ni fort délicate, ni fort blanche ; mais ses yeux bleus et ses cheveux blonds, avec la noirceur de ses sourcils et le brun de son teint, faisoient un mélange de douceur et de vivacité si agréable qu’il étoit difficile de se défendre de ses charmes. (Mad. de Motteville, collect. Petitot, t. 39, p. 401.) Voy., pour la suite de cette intrigue, madame de Motteville, ibid., et p. suiv.

  1. Ces mots, fort compromettants pour la vertu de mademoiselle d’Argencourt et de Marie de Mancini, sont peu d’accord avec les Mémoires du temps, qui n’ont vu dans ces liaisons du Roi que des passions toutes platoniques. C’est entre ces deux amours que l’on place l’aventure de Louis XIV et de madame de Beauvais, Cateau la Borgnesse, comme l’appelle Saint-Simon.
  2. Voy. ci-dessus, p. 3.