Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/468

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à L’Avocat qu’il leur étoit impossible de le mettre hors de prison, et il en fut rendre compte à la duchesse.

Il appréhendoit bien qu’elle ne le voulût rendre responsable de ce refus ; mais la duchesse, qui aimoit le nombre, et qui s’étoit quelquefois ennuyée de ne le point voir, lui dit qu’elle lui étoit obligée de la peine qu’il avoit prise, et qu’il pouvoit revenir chez elle quand il voudroit. L’Avocat se jeta à ses pieds pour la remercier, lui embrassa les genoux, et, lui protestant une fidélité éternelle, il lui dit que sa sœur la duchesse de Vantadour n’avoit pas la moitié de son mérite ; que quand il vivroit mille ans, il ne pourroit pas l’aimer un quart d’heure ; qu’elle diroit assurément qu’il n’avoit guère d’esprit, parce qu’il ne lui avoit jamais pu dire une seule parole, mais qu’il ne se soucioit pas en quelle réputation il fût auprès d’elle, pourvu qu’elle voulût bien considérer que tant d’indifférence pour une si aimable personne ne pouvoit procéder que de l’amitié qu’il lui portoit.

Comme il achevoit ces paroles, un laquais de la duchesse de Vantadour entra, et ayant présenté un billet de sa part à la duchesse de La Ferté, elle le prit et y lut ce qui suit :

Billet de la duchesse de Ventadour à la duchesse de La Ferté.

Un de mes bons amis a une affaire pardevant M. L’Avocat, et il la croit si délicate qu’il cherche à la faire recommander par tous ceux qui ont quelque crédit auprès de lui. Si j’avois prévu cet accident,