Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/484

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que, dans le poste où étoit madame de Fontanges, et ayant une rivale sur les bras, elle ne dût mourir que d’une mort violente. Quoi qu’il en soit, elle tomba dans une langueur incontinent après ses couches, dont il lui resta une perte de sang, ce qui empêcha le grand Alcandre de coucher davantage avec elle. Cependant il la visitoit souvent, lui témoignant le déplaisir où il étoit de l’état où il la voyoit réduite. Mais madame de Fontanges, qui se voyoit mourir tous les jours, le pria de permettre qu’elle se retirât de la cour, ajoutant en pleurant que la malice de ses ennemis étoit cause qu’elle ne devoit plus songer qu’à l’autre monde.

[ [1] Le grand Alcandre, qui étoit bien aise qu’elle donnât ordre aux affaires de son salut, et qui d’ailleurs étoit sensiblement touché d’être présent à ses souffrances, lui accorda ce qu’elle lui demandoit. Elle se retira dans un couvent au faubourg Saint-Jacques [2], où il envoyoit tous les jours savoir de ses nouvelles. Le duc de La Feuillade y alloit aussi deux ou trois fois la semaine la visiter de sa part, mais il n’en rapportoit jamais que de méchantes nouvelles ; car cette pauvre dame, qui avoit toutes les parties nobles gâtées, soit de poison ou d’autre chose, se voyoit décliner tous les jours ; de sorte que le duc de La Feuillade dit au grand Alcandre que c’en étoit fait et qu’il n’y avoit plus d’espérance. En effet, elle mourut peu de jours après, laissant encore

  1. Encore un passage intercalé dans l’histoire de mademoiselle de Fontanges, dans les mauvaises éditions.
  2. À l’abbaye de Port-Royal de Paris, où elle mourut.