Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il sentit, après la faveur reçue, de si grands redoublemens d’amour, qu’il lui jura que, si elle lui demandoit sa couronne, il la lui donneroit de bon cœur. Il la retourna voir le jour suivant ; elle le pria qu’ils cachassent leur commerce, et lui dit que Madame le croyoit amoureux d’elle. Il est certain qu’il lui dit qu’il ne pouvoit avoir le cœur assez perfide pour aider à la tromper. « Mais si je vous en priois ? dit La Vallière. — Ah ! que vous m’embarrasseriez ! dit le Roi ; mais enfin, je vous l’ai dit, je suis tout à vous. » Ils continuèrent encore quinze jours ce commerce secret. Mais le hasard le fit découvrir (ce qui obligea le Roi et mademoiselle La Vallière de ne plus rien dissimuler) [1]. On ne peut exprimer les dépits, les emportemens de Madame, et combien elle se croyoit indignement traitée. Elle est belle, elle est glorieuse et la plus fière de la cour. « Quoi ! disoit-elle, préférer une petite bourgeoise de Tours, laide et boiteuse, à une fille de Roi faite comme je suis ! » Elle en parla à Versailles aux deux Reines, mais en femme vertueuse, qui ne vouloit pas servir de commode aux amours du Roi. La Reine-Mère résolut qu’il en falloit parler à La Vallière. En effet, toutes trois lui en parlèrent avec

    de Belleforière, marquis de Soyecourt, qui fut reçu en 1670 grand veneur de France par la démission de Louis, chevalier de Rohan, qu’on appeloit M. de Rohan, fils de Louis VII de Rohan, prince de Guemené, duc de Montbazon. Il avoit épousé, en 1656, Marie Renée de Longueil, fille du président Longueil de Maisons. Il avait une réputation de grand abatteur de bois, et c’est ainsi qu’en parlent Tallemant et les chansons. Voy. aussi le Récit des plaisirs de l’île enchantée, dans les œuvres de Molière.

  1. Manque dans la copie de Conrart.