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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/69

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lui feroit plaisir de porter ce billet au Roi, dont voici les paroles [1] :

BILLET. Si l’on savoit la cause de vos maux, l’on y apporteroit du remède, quand il en devroit coûter la vie ; mais, mon Dieu ! qu’il est inutile de vous dire ce que je vous dis, ce n’est pas moi qui donne à Votre Majesté ses bons ni ses mauvais jours !

Le Duc alla promptement porter ce billet au Roi. La jeune Reine étoit pour lors sur son lit, et d’abord qu’il l’eut vu il s’écria : « Saint-Aignan, je suis bien foible, et je le suis plus que vous ne pouvez penser. » La Reine se retira, et le Roi relut vingt fois ce billet ; il fit admirer au Duc cette manière d’écrire, mais il ne pouvoit souffrir ce cruel terme de Votre Majesté. Il en parloit encore quand mademoiselle de La Vallière entra dans sa chambre avec madame de Montausier [2], à laquelle cette visite aux flambeaux a servi de toute sa faveur ; elle se retira par commodité et

  1. Var. : Le texte de Conrart, beaucoup plus rapide, nous paroît être celui de la rédaction primitive :
    « Enfin le Roy pria le Duc d’aller voir sa maîtresse, et elle, qui souffroit encore plus que luy, donna ce billet à son confident. »
  2. Var. : avec madame de Montauzier, qui l’avoit amenée faire cette visite aux flambeaux, assurée de toute la faveur. (Ibid.) Julie d’Angennes, la fille célèbre de la marquise de Rambouillet, femme du marquis, puis duc de Montausier. On lui a justement reproché la part qu’elle a prise aux galanteries du Roi.