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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/87

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croyois que vous moins que personne prêcheroit cet Évangile [1] ; cependant, comme je n’ai jamais glosé sur les affaires des autres, il me semble qu’on en devroit user de même pour les miennes. » La Reine, prudente, se tut. Le soir, au cabinet, le Roi, se souvenant de cette conversation, la drapa des mieux, car il dit tout franchement qu’il ne pouvoit souffrir ces créatures qui, après avoir vécu avec la plus grande liberté du monde, veulent censurer les actions des autres : parce que (les plaisirs les quittent, elles enragent qu’on soit en état d’en goûter, et quand nous serons las d’aimer et de vivre, nous parlerons comme elles [2]). « Voyez madame de Chevreuse, dit-il : rien n’est plus hardi que cette femme à parler contre la galanterie des femmes ; encore une duchesse d’Aiguillon [3], une princesse de Carignan [4], et généralement toutes celles de la cour (excepté la princesse de Conty, qui a toujours été la dévotion même [5]). » Ensuite, se tournant vers Roquelaure [6] : «

  1. Var. : Mais, après tout, comme je n’ay jamais glosé sur vos affaires, je vous demande d’en être de même sur les miennes. (Ms. de Conrart.)
  2. Manque dans Conrart.
  3. La duchesse d’Aiguillon est assez connue par les Historiettes de Tallemant des Réaux, les Lettres de Guy Patin, etc., etc.
  4. Marie de Bourbon-Soissons, qui avoit épousé en 1624 le prince de Carignan, qu’on appeloit le prince Thomas, grand-maître de la maison du roi. Celui-ci mourut en 1656, pendant le siége de Crémone, où il commandoit une armée françoise. La princesse de Carignan étoit mère du comte de Soissons (Eugène-Maurice de Savoie), qui avoit épousé Olympe Mancini le 21 février 1657.
  5. Cette addition nous est donnée par les ms. de Conrart.
  6. Gaston, duc de Roquelaure, qui depuis le 15 décembre