Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/230

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s’en aller à l’heure même, espérant que le duc de Sault parleroit plus sérieusement en son absence. Mais lui, à qui ce caractère ne convenoit pas avec les femmes, ne se mit pas en peine des intérêts de son ami ; au contraire, il voulut voir jusques où pourroit aller la folie de madame de Lionne. Elle lui donna beau jeu, sitôt qu’elle vit le comte de Fiesque sorti ; elle lui dit cent choses qui tendoient à lui découvrir sa passion, non pas à la vérité en termes formels, mais qui étoient assez intelligibles pour être entendus d’un homme qui auroit eu moins d’esprit que lui. Aussi, si le duc de Saux n’eût pas appréhendé qu’en la contentant elle eût mis obstacle à l’amour qu’il avoit pour la marquise de Cœuvres, il n’étoit ni assez cruel ni assez scrupuleux pour la faire languir davantage ; mais, craignant qu’après cela cette jeune marquise, qui n’avoit pas encore l’âme si dure que sa mère, ne se fît un scrupule de l’écouter, il fit la sourde oreille, et aima mieux passer pour avoir l’esprit bouché que de se faire une affaire avec sa maîtresse.

Il trouva, en sortant, le comte de Fiesque qui l’attendoit au coin d’une rue et qui lui demanda s’il n’avoit rien fait pour lui. « Non, mon pauvre comte, lui dit-il, car je ne te crois pas assez fou pour prendre tant d’intérêt à une vieille p…… Mais maintenant que je connois ton foible, je te

    d’État, et de Paule Payen, épousa, le 10 février 1670, François-Annibal d’Estrées, troisième du nom, marquis deCœuvres, petit-fils du maréchal et fils de ce marquis de Cœuvres dont le premier volume de l’Histoire amoureuse a déjà parlé. (Voy. I, 244.) Madame de Cœuvres mourut le 18 septembre 1684, laissant un garçon et quatre filles. (Voy. II, 405.)