Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/343

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qui en étoit la mère ; mais celui qui lui disoit cette nouvelle le tira de peine, ou, pour mieux dire, le jeta dans une plus grande, en apprenant qu’on ne la nommoit point, et qu’il falloit par conséquent que ce fût quelque femme mariée.

La maréchale étant venue quelque temps après dans sa chambre, il ne lui dit plus de douceurs, et au contraire il la salua d’un Corbleu ! qui étoit l’ornement ordinaire de son discours. Elle en fut quitte pour lui laisser passer tout seul sa méchante humeur, et fut s’en consoler avec Bechameil, qui lui apportoit un quartier de sa pension. C’étoit merveilles comme cet homme, qui étoit glorieux comme le sont ordinairement les gens de rien, s’accoutumoit à lui voir faire mille coquetteries en sa présence ; car enfin il faut savoir qu’il alloit mille gens chez elle, et que tous les jours devant lui elle faisoit mille choses qui lui devoient faire

    de l’occasion qui se présenta de légitimer un enfant sans nommer la mère. Ce fut pour lui un précédent dont il devoit s’autoriser. Mademoiselle de Montpensier n’en fait pas mystère : « Pendant que j’étois sur le chapitre de M. de Longueville, dit-elle (édit de Maëstricht, t. 6, p. 360), j’ai oublié de dire qu’il déclara un bâtard qu’il avoit au Parlement, afin de le rendre capable de posséder le bien qu’il lui voudroit donner : on ne nomma pas la mère. Comme il faut pour cela des lettres patentes du Roi, elles furent accordées sans peine. On déclara alors M. du Maine et mademoiselle de Nantes ; je ne me souviens pas si M. le comte de Vexin et mademoiselle de Tours le furent en même temps. La mère du chevalier de Longueville étoit une femme de qualité dont le mari étoit vivant. Il disoit à tout le monde, dans ce temps-là : « Ne savez-vous point qui est la mère du chevalier de Longueville ? » Personne ne lui répondoit, quoique tout le monde le sût. »