Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/42

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Et celui de Cloris[1] le reconnut sans peine.
Ces cœurs n’étoient pas assez forts
Pour soutenir un siége et pour se bien défendre :
Aussi l’Amour, pour les prendre,
Ne fit pas de grands efforts.
Enfin les troupes se rendirent
Auprès du cœur d’Iris, qui ne les craignoit pas,
Et par les formes l’investirent
Après avoir donné quelques légers combats.
Le cœur d’Iris est fait sur un parfait modèle ;
C’est une place forte, aimable, noble, belle,
Qui va même de pair avec les plus grands cœurs ;
Elle n’est en état que depuis quatre lustres,
Mais le sang de ses fondateurs
Tient rang depuis long-temps parmi tous les illustres[2].
Cette place a de beaux dehors
Et cinq portes très régulières.
La porte de la vue est une des premières,
Et ne sauroit céder qu’à de puissants efforts.
C’est là que sans cesse se montrent
Une troupe de doux regards,
Qui, sans avoir nuls égards,
Volent innocemment tous ceux qui s’y rencontrent.
Cent fois l’Amour, ce conquérant rusé,
Après s’être bien déguisé,
Voulut entrer par cette porte ;
Mais la Vertu, qu’on trompe rarement,
Le reconnut toujours déguisé de la sorte,
Et le chassa honteusement.

  1. La C. H. N. S.
  2. Flatterie de M. D. S. (de M. de Saint-Aignan, auteur de la pièce).