Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/447

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mais une chose préméditée entre Biran, Roussi et lui, il la fit trembler quand elle vint à faire réflexion que son secret étoit entre les mains de gens accoutumés à ne céler que ce qu’ils ne savoient pas. Elle en fit de grands reproches à Tilladet, qui, bien loin de lui dire quelque chose pour la consoler, lui soutint que le seul moyen de la tirer d’affaire étoit de leur faire part encore de ce qui se passoit. Enfin, après bien des paroles de part et d’autre, la duchesse, qui ne pouvoit être dans un pire état que celui où elle se trouvoit, consentit à tout ; si bien que Tilladet dit à Biran et à Roussi dans quel embarras ils se trouvoient.

Toute l’affaire roula sur Biran, qui étoit plus intrigant que l’autre. Aussi Tilladet ne lui eut pas plutôt fait son rapport, qu’il lui dit qu’il y trouveroit bientôt remède. Celui qu’il y trouva fut de faire une partie de débauche avec le duc de La Ferté, qui étoit de ses amis ; c’est-à-dire ami de cour, car je ne prétends pas que ce mot signifie ce qu’il devroit signifier. La Ferté, qui étoit toujours prêt pour ces sortes de choses, accepta le rendez-vous, qui étoit à l’Alliance[1], dans la rue des Fossés, au faubourg Saint-Germain. Roussi fut de la débauche avec le duc de Ventadour et Biran, qui alloit à ses fins et qui en auroit joué une douzaine comme eux ; il leur dit, quand il les vit en pointe de vin, que leur exemple

  1. C’est-à-dire : à l’enseigne de l’Alliance. Avant l’usage de numéroter les maisons, on les désignoit et on les reconnoissoit par leurs enseignes, enseignes parlantes généralement, formées de sujets allégoriques ou autres, taillés dans la pierre, incrustés dans la façade des maisons, ou peints et formant tableaux.