Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 3, éd. Boiteau, 1858.djvu/49

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La Vertu n’a point de secret,
Et qu’elle auroit bien du regret
Si chacun ne voyoit tout ce qu’elle veut faire.
Pour persuader la Vertu,
La Gloire mit tout en usage,
Et lui fit voir qu’elle avoit combattu
Jusqu’alors à son avantage ;
Qu’elle ne seroit pas moins sage[1]
Pour être bien avec l’Amour,
Et que peut-être à son dommage
Il faudroit y venir un jour ;
Que ce n’étoit pas une honte
De céder à ce conquérant ;
Qu’elle même étoit son garant,
Et que le cœur d’Iris y trouveroit son compte ;
Qu’il falloit céder au vainqueur
De l’air, de l’onde et de la terre,
Et que la paix, en matière de cœur,
Valoit cent fois mieux que la guerre.
Enfin la Gloire agit avec tant de douceur,
Avec tant d’adresse et d’ardeur,
Qu’on reçut ses conseils comme de vrais oracles.
La Vertu répondit par des remercîmens,
Et prit un jour pour vaincre les obstacles
Que pouvoient apporter ses nobles sentimens.
Alors, la Gloire crut qu’il étoit nécessaire
Qu’Amour fût instruit de l’affaire.
L’Amour lui répondit qu’il tiendroit à bonheur
Qu’elle voulût lui rendre office :
L’Amour acquiert bien de l’honneur,
Lorsque la Gloire agit pour lui rendre service.
Cependant le Conseil s’assemble au cœur d’Iris,

  1. Conseil de M. D. L. M. (Voyez p. 11, 28 et 33.)