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LA FAUVETTE ET LE HIBOU


ALLÉGORIE


À HARPE, « Le Soleil »
Québec.


Sous la douce clarté d’un crépuscule rose,
Un oiseau préludait au coucher du soleil,
L’astre-Roi s’endormait la paupière mi-close,
Dans le duvet neigeux d’une couche en vermeil.
C’était du rossignol, la gentille sœurette
Qui chantait son cantique, aériens soupirs,
Argentine prière, extase de fauvette,
S’envolant au ciel pur, sur l’aile des zéphyrs.
Le rossignol ému retenait son haleine :
Il craignait de troubler ce concerto divin,
Romance sans bémol sœur de sa cantilène.
Le chérubin de même écoute un séraphin…
Soudain le bois frémit par les branches froissées.
Un vol lourd battit l’air, obscurcissant le jour
Comme un voile de deuil. Des cimes délaissées,
Un oiseau noir venait. Aigle, épervier, vautour ? —
Non ! Un sombre hibou, déplumé, l’aile basse.
L’œil pâle et clignotant, le bec long et tordu.
— Chut !… fait le rossignol, que personne ne passe !