Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/133

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La fauvette module un céleste impromptu,
Tu briserais le fil des mélodiques trames,
Musicale dentelle œuvre d’un gosier d’or
Sur le tissu mouvant des fibres de nos âmes…
— « L’oiseau noir tremblotant s’arrête en son essor
Le bec rouge du sang des candides colombes.
Il accroche sa griffe à la branche d’un pin :
— « Malédiction trois fois !… » clame l’hôte des tombes,
Fier Seigneur du charnier « Pitoyable destin,
« Je suis laid et sans voix, donc, je hais la lumière,
« L’amour et la beauté, fatale Trinité
« Qui raille mes sanglots — Et je bois à l’ornière
« L’eau fétide et verdâtre !… Ô sainte vérité,
« Je n’oserais poser mes lèvres à ton urne
« Dans la crainte d’y voir mon sinistre reflet !…
« Hou ! Hou !… hulule encor le sombre oiseau nocturne »
— Il volète au ras sol vers son antre secret !…
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La voix semble plus douce après ces tristes notes :
Fragilité d’un chant immatériel et pur,
Qui se mêle aux ave des sereines dévotes
Montant comme l’encens vers le temple d’azur !