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LES PETITS EXILÉS



C’EST jour de réception chez madame X. Entre deux gorgées de chocolat, ces dames laissent tomber de leurs lèvres carminées des amours de petits potins, subtils, délicats, parfumés, comme ces bonbons qu’elles grignotent du bout de leurs dents de nacre. La maîtresse de maison va de l’une à l’autre, complimente celle-ci sur sa dernière soirée, celle-là sur son chapeau, qui la coiffe à ravir ; entre parenthèse, cela pourrait bien vouloir dire que le chapeau lui va comme une bête à bon Dieu sur une citrouille… Soudain, la porte s’ouvre avec fracas, une fillette fait irruption dans le salon et vient sauter sur les genoux de sa mère.

— Maman, je ne veux pas m’en aller !

Elle s’accroche au cou de sa mère et sanglote désespérément.