Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/183

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« qu’un tel écrin de verdure et de poésie était digne de contenir cette perle de beauté qu’était Mariette. » Ah ! comme ils s’aimaient ces deux enfants. Depuis six mois qu’ils se connaissaient, ils se voyaient chaque semaine avec ravissement. La délicieuse promenade autour du jardin bras dessus bras dessous, ils allaient gazouillant comme des moineaux, se croyant seuls au monde, tout à la joie d’entrevoir l’avenir riant qui les attendait, comme une route bordée de grands arbres, avec un ciel clair et rempli de soleil. Les étoiles, brillant à travers la guipure des érables, fleurissaient déjà leurs rêves.

— Entrez… Entrez, mes enfants, glapissait la voix chevrotante de la mère ; le serein tombe, vous allez vous enrhumer…

La vérité, c’est que les deux vieux attablés depuis une demi-heure, grillaient de prendre la bienheureuse partie de pitro que Jean jouait dans les yeux de Mariette, tandis que le père et la mère se chamaillaient, et que les lunettes dansaient sur leurs nez tremblants.

— T’as triché !…

— Non, c’est toi, que j’ai surpris les yeux dans le jeu de Mariette…

— Ah ! par exemple… au moins je ne chipe pas de cartes dans les levées, moi.

— Tiens, recommençons.

— Non, c’est toujours ainsi, quand je gagne, tu veux toujours recommencer, n’est-ce pas, fifille ?

Mariette, brusquement ramenée sur terre, battait les cartes pour se donner contenance. Puis, conciliante et douce :

— C’est vrai, maman, tu as raison ; les hommes sont bien méchants, il faut toujours céder… Et un sourire à l’adresse de Jean corrigeait les malins propos de la petite