L’INCONNU
F. N. Beauchamp
Dois-tu vivre après moi, dois-tu souffrir encore ?
OVEMBRE ramène au nid les oiseaux frileux. Il fait
bon, en ces longues soirées, de se blottir au coin du
feu, d’y deviser longuement, en buvant à petites gorgées
une tasse de café au capiteux arôme. La bouilloire chante
son grêle zézaiement, seul le lourd tic tac de l’horloge déplace
un peu de silence. L’œil distrait suit les méandres
capricieux de la flamme qui monte, baisse, s’exalte
encore, pour crouler avec le brasier dans la cendre grise…
image gracieuse de notre vie !…
Intimité du loyer, on ne t’a pas assez chantée ! Faut-il que ce soient les exilés et les bannis qui prônent les charmes puissants dont le goût exquis leur revient aux lèvres, quand la coupe en est déjà loin !
Où sont-ils, ceux que nous avons aimés ?…… Depuis tant de siècles que l’humanité pose au destin cette torturante question, l’Inconnu reste muet. Pourtant, le savant ausculte la plus légère vibration de l’éther, qui