Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/59

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billon qui t’entraîne, tu viennes sous l’œil de Dieu méditer ses pages sublimes.

1o Leçon. — Que dit le grand Livre, à nous, femmes ?

Mettons le signet aux derniers feuillets.

C’est la fin d’un jour d’automne, des parfums de fleurs mourantes traînent dans l’air attiédi comme dans la chapelle du cloître l’odeur de l’encens brûlé et les échos des antiennes chantées. La forêt dissimule son feuillage éclairci sous de larges plaques de fard qui baignent l’œil de splendeurs caressantes. Le lit des rivières s’est creusé, le torrent ne bondit plus sur les roches : un filet d’eau aminci coule sur la mousse jaunie avec de petits bruits de sanglots, comme pour pleurer le ciel bleu et les jolies pâquerettes qui se miraient dans son onde.

Mais quels sourires attendris a le soleil, sourires de femmes qui ont aimé, plus séduisants, plus touchants, que la danse des rayons printaniers sur les cheveux bruns ou blonds des fillettes. Une feuille se détache de la tête des grands arbres, c’est comme le premier cheveu blanc, un funèbre présage de la fin des jours d’amour : le front couronné de pampres, la nature, ainsi qu’une déesse, drapée dans sa robe de pourpre, a le suprême orgueil de vouloir charmer toujours et de se faire regretter…

Quand sonne pour nous l’automne de la vie, quand des rides osent souligner la pâleur des joues, quand les dents déchaussées montrent les alvéoles noires, rendons les armes, comme des vaillantes — soyons fières d’être de belles grand’mères. Certaines femmes ont grand air sous leur diadème de cheveux d’argent. Une pointe de guipure plutôt qu’un bonnet, un mantelet dissimulant la taille déformée, des lunettes d’or qui voilent l’azur terni des yeux — et la vieille grand’mère est heureuse, elle sourit quand ses