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RÊVE D’UN SOIR D’ÉTÉ


La lune aux grands yeux clairs verse dans le jardin.
Sa pâleur radieuse, et les roses pâmées
Aspirent les baisers des brises parfumées.
Le lac moiré sommeille en son flot de satin,
Un philtre alourdissant tombe du ciel serein :
L’immensité du calme endort ma rêverie…
Et je vois s’avancer, sur la mousse fleurie,
Deux blanches visions… Un souffle aérien
Fait onduler les lis ; leur robe vaporeuse,
Sans froisser les brins d’herbe erre sur le gazon :
Ainsi rase les eaux l’aile de l’alcyon.
Ainsi glisse l’esquif sur la vague écumeuse.
L’une a le charme fier de Vénus Astarté.
Sur sa lèvre mi-close un sourire extatique,
De sa large prunelle un éclair magnétique
Fascinent les amants de l’étrange beauté.
L’autre hésitante et frêle a le regard rêveur ;
Autour de son front pur brille un reflet d’étoile,
Virginale clarté, où sa grâce se voile.
Ses longs doigts effilés effeuillent une fleur