Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/77

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nez-moi !… » Elle sanglote éperdument et ses cheveux boivent ses larmes.

Un vieillard au front chauve, les yeux perdus dans une contemplation extatique, semble un savant qui cherche la solution d’un problème…

Mais, que dirai-je ? Toutes les passions ont gémi dans ces pauvres êtres qui ont payé bien cher le repos dont jouit leur esprit. La jalousie, la volupté, l’ivresse, la cupidité, le mysticisme, de leurs griffes de vautours ont déchiré ces pauvres cœurs qui ne battent plus que pour la vie.

Mais, je ne veux pas anticiper : M. le Docteur Prieur, savant praticien et en plus littérateur distingué, a l’intention de livrer à la publicité d’intéressantes dissertations sur la folie et ses causes. Sujet palpitant d’intérêt, mais qui garde comme Isis son quadruple voile.

Dieu, bon et juste, a dû créer toutes les âmes également belles, également pures, également intelligentes, d’où viendrait donc la folie ? Tout simplement d’un défaut d’organisme, de même qu’un musicien ne saurait rendre la sublimité des harmonies qui chantent en lui sur un instrument dont les cordes sont brisées…

C’est égal, le ciel était bien beau et délicieuse la brise en sortant de l’Asile de la Longue-Pointe, et je suis étonnée que l’aspiration profonde que j’en ai tirée n’ait pas troué l’atmosphère.