Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


BRAVO !


VISITE DU DUC ET DE LA DUCHESSE D’YORK.

Bravo ! pour le petit peuple canadien ! Sa contenance a été noble, digne et fière, comme il convient à des spectateurs polis qui dédaignent de siffler une représentation montée à grands frais, mais dont les acteurs ne sont pas à la hauteur de la réclame qu’on en a faite. À part la claque de rigueur, l’enthousiasme conventionnel des personnages officiels, les arpèges brisés d’une harpe vendue, il n’y a pas eu d’emballement populaire, pas de hourrahs frénétiques poussés par cent mille poitrines humaines, comme d’une seule, pas de ce délire fou qui passe sur les masses et les soulève comme les flots tumultueux de la marée montante. Non, rien de ce que les chroniques du temps racontent à l’occasion de la visite du prince de Galles. Le petit peuple canadien a boudé la royauté. Si Montréal a flambé pendant deux jours, c’est qu’on lui a volé ses deniers pour les faire tomber en gerbes de pierreries, en pluie d’étoiles, en feu de bengal, sans lui en de-